Une croissance plus lente et plus durable pour l’économie québécoise en 2019, mais des dangers planent sur l’avenir

La banque de Montreal

La croissance du PIB sera tirée par les salaires, le logement et l’investissement des entreprises. L’économie québécoise se trouve à la croisée des chemins. Si elle est positionnée pour poursuivre sa croissance, elle le fera à un rythme plus lent qu’au cours des derniers trimestres. Selon les estimations actuelles du secteur privé, la croissance du PIB du Québec en 2019 devrait se situer autour de 2 %, soit un peu moins que la croissance prévue l’an dernier et celle de 3 % enregistrée en 2017.

Une contre-performance à nuancer

Le ralentissement devrait provenir principalement de la baisse de la demande intérieure, en particulier de l’investissement résidentiel. Après avoir augmenté de 5 % cette année, le gouvernement du Québec prévoit une baisse de 1,5 % de l’activité résidentielle, l’effet de la hausse des taux d’intérêt et du resserrement des règles hypothécaires au Canada se faisant finalement sentir dans cette province. Le gouvernement prévoit également que les mises en chantier diminueront de 10 % en 2019. Si ce chiffre semble élevé, c’est en grande partie grâce aux énormes progrès réalisés au cours des deux années précédentes. Les mises en chantier devraient encore dépasser largement les 50 000 unités cette année, soit environ 10 000 unités de plus que la moyenne entre 2015 et 2017.

Les familles et les entreprises : grandes gagnantes du mini-budget du Québec

Quoi qu’il en soit, les analystes sont relativement optimistes quant aux perspectives à court terme de l’économie québécoise, malgré un consensus sur l’impossibilité de poursuivre le rythme de croissance des dernières années. En somme, on s’attend à un léger ralentissement, mais toujours avec des performances robustes.

Dans sa mise à jour économique de l’automne, le gouvernement du Québec a souligné un certain nombre de secteurs où les perspectives de croissance demeurent positives. Les projections du gouvernement, par exemple, prévoient une augmentation des salaires de 3,5 % l’an prochain. Dans le même temps, l’économie devrait créer 42 300 nouveaux emplois, ce qui ramènerait le taux de chômage à 5 %. Le gouvernement est également confiant en ce qui concerne les investissements non résidentiels des entreprises. En particulier, il compte sur une croissance de près de 5,5 % des investissements en machines et matériel, un indicateur clé de la productivité. L’économie du Québec ralentit par rapport à son récent sommet cyclique, mais garde la forme. Ainsi, les chiffres que le Québec a affichés en 2017 et 2018 étaient spectaculaires, mais non durables. Cette année, la croissance sera lente mais régulière.

Un contexte d’incertitude mondiale

Mais au-delà de 2019, la situation devient un peu plus sombre pour le Québec, comme pour l’ensemble de l’économie mondiale. Selon les estimations du gouvernement, la croissance devrait tomber à 1,3 % en 2021 et à 1,2 % en 2022. Les hausses de taux cumulées et la possibilité d’une baisse de la situation budgétaire américaine peuvent apporter plus d’incertitude pour les années à venir.

Les grands observateurs institutionnels s’entendent pour dire que l’économie mondiale a également atteint un sommet et qu’une croissance plus faible est prévue en 2019. Bien que peu de gens prédisent que le ralentissement atteindra les niveaux de récession, il existe des incertitudes qui pourraient rapidement assombrir ces prévisions. Le principal point noir reste le différend commercial en cours entre la Chine et les États-Unis et la confusion persistante au sujet de l’avenir de la Grande-Bretagne avec l’Union européenne. L’escalade des tensions commerciales et l’abandon potentiel d’un système commercial multilatéral fondé sur des règles constituent des menaces majeures pour les perspectives mondiales.

En tant que principal marché d’exportation international du Québec, l’effondrement de l’économie américaine finira par se faire sentir. Selon une analyse effectuée par le ministère des Finances du Québec, le PIB de la province diminuerait en moyenne de 0,5 % pour chaque réduction de 1 % du PIB américain. Le Québec ne peut pas faire grand-chose pour influencer l’orientation de l’économie américaine, mais le gouvernement subit des pressions pour qu’il prenne des mesures afin de maximiser les perspectives de croissance intérieure. Au premier rang de cette liste se trouve, pour bon nombre d’entre eux, la pénurie de main-d’œuvre qui persiste dans la province et qui fait qu’il est difficile pour les entreprises de répondre à la demande.